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  [record reviews: let them eat cake]



MOTORPSYCHO

Let Them Eat Cake

Review of Let Them Eat Cake taken from the
website of French
LA MÉDIATHÈQUE DE SERAING, July 2000.
French. Found at the médiathèque site.


Motorpsycho
«Let Them Eat Cake»
sortie 23 mars 2000 (Aliènor / Pias)

Motorpsycho - «Let Them Eat Cake» - cover - front  

Passé en cinq albums – dont deux doubles – du garage punk cambouis à la cave néogothique, le trio norvégien Motorpsycho n’avait jusqu’alors qu’en de très brèves occasions faussé compagnie à son cafard pour lever les yeux et le voile sur ses intentions réelles. Dès l’ouverture de The Other Fool, un violoncelle au dos rond indique pourtant que les choses ont sacrément changé depuis la dernière visite. Monté sur pneumatique et percé à jour par d’hallucinants cuivres de péplums, ce premier titre est déjà un tour de force qui rappelle les figures libres accomplies récemment par Deus. En cinq minutes, Motorpsycho vient ainsi de franchir cinq divisions et plusieurs milliers de kilomètres d’un coup pour nous livrer une farandole de pâtisseries délicates, quelques dragées au poivre planquées parmi les toffees et pas une seule tarte à la crème. Le bien nommé Big surprise renferme carrément un feuilleté de voix façon Beach Boys et toute la subtile garniture qui va avec (la basse Pet sounds , le theremin Good vibrations) tandis que Never let you out expérimente les stupéfiantes recettes de cake troussées par Syd Barrett et Kevin Ayers. Les chansons flambées aux alcools rares de Motorpsycho, même si elles frôlent parfois la démesure, n’ont rien à voir avec les attentats pâtissiers progressifs dont on annonce partout la recrudescence. Au contraire, leur progression en labyrinthes complexes s’effectue avec une précision de geste et une énergie sidérantes. Telle chorégraphie sonore à l’intérieur d’un espace aussi réduit que la pop-song n’est pas monnaie courante dans le paysage actuel, elle témoigne des ambitions célestes de quelques rares idéalistes qui se sont donné pour folle mission de concourir aux plus hautes sphères de ce monde. Aussi Let them eat cake est-il désormais un postulant sérieux au prix annuel de la plus belle réalisation architecturale psychédélique. Notons pour mémoire que les deux précédents lauréats se nommaient Mercury Rev et The Flaming Lips.

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