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Motorpsycho
Band feature
Convaincus depuis une bonne dizaine d'années (et autant d'albums) qu'on ne fait pas du
rock à la norvégienne sans casser les moules, Bent Sæther et sa clique évoluent sans
cesse, pour le bien de la pop.
Les Motorpsycho, sont des gens excellents, un groupe auquel on peut sans craindre accoler le terme de culte. Leurs albums leur valent la reconnaissance d'un public (de moins en moins) réduit et très attaché au quatuor. Avec "Phanérothyme", les Norvégiens publient un successeur digne à "Let them eat cake", leur précédent (et déjà dixième) album, dont il exploite plus avant la veine acoustique-psychedélique. Et remportent ce qui s'annonce comme leur plus gros succès à ce jour puisque "Phanerothyme" s'est écoulé sur le seul territoire norvégien, à quelque 50 000 exemplaires en moins de 15 jours. Sans que Motorpsycho dévie de sa trajectoire, celle d'une formation qui compose à l'attention des seuls vrais amateurs de bonne musique, expérimente en permanence et semble craindre une seule chose : que le public mainstream lui fasse un triomphe.
Symphonique
Alors que le groupe effectue sa onzième (ou douzième, suivant les membres interrogés)
tournée européenne, et profitant de leur deuxième passage à Paris (dans le cadre réduit
et chaleureux du Glaz'art) à la porte de la illette nous avons coincé, à l'issue de la
balance, Bent Sæther, son fondateur-chanteur-guitariste, et le
pianiste-multi-instrumentiste, Baard Slagsvold.
Ceux qui connaissent bien Motorpsycho ne seront qu'à moitié étonnés : le groupe a
conservé, tant sur disque que sur scène, une énergie brute et une prédilection pour les
solos de guitare qui ne trompent pas. Mais Sæther a fait de nombreuses découvertes
depuis la formation de son groupe, passé on parle des albums, sur scène c'est
encore autre chose d'un rock noisy et déconstruit à une orientation plus pop: La présence d'arrangements sophistiqués, la multitude d'instrumentistes (des violonistes du philharmonique d'Oslo sur "Phanérothyme" notamment) contribuant aux enregistrements de Motorpsycho, ainsi que ce souci de surprendre pour ne jamais (s')ennuyer, rendent quasi inétiquetable la musique du groupe qui en choeur souffle à l'intervieweur le treme de "pop symphonique".
Après avoir fortement conseillé l'écoute de "Phanérothyme" (terme utilisé par Aldous
Huxley pour décrire une expérience psyché) qui donnera envie de se taper les épisodes
précédents, on signale quelque chose d'essentiel à ceux qui ignorent tout du groupe, à
savoir que celui-ci prend une dimension étonnante sur scène, discipline dont il a une
vision bien à lui. Chacune de ses prestations est un effet unique: d'abord parce que
Motorpsycho joue une liste de morceaux différente chaque soir, ensuite parce que ses
gigs, dans une tradition tout ce qu'il y a de jazz, privilégient largement
l'improvisation, toujours de mise. Baard, le pianiste aux longs cheveux gras et aux yeux
injectés, aurait eu sa place dans "Las Vegas Parano". C'est surtout un musicien
accompli, de formation classique, qui déclare tout aimer, de Charlie
Mingus à Black Sabbath, en passant par Serge Gainsbourg (une passion que partage
Sæther) ... Nous choisissons une heure ou deux avant le concert, ce que nous allons
jouer. Cela dépend de notre humeur du jour: on peut faire un set presque entièrement
acoustique, et le lendemain faire quelque chose de beaucoup plus rentre-dedans. Nous
avons le choix entre 40 et 50 morceaux à jouer et, vu ce qu'on traversé comme époques,
ça va du titre joué au banjo à des trucs purement heavy.
Spectre
Où en est le groupe à l'heure actuelle, sur le plan de la notoriété? Scott Beaumont
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