home

  [media stories: french: 2001]



Motorpsycho

Band feature
taken from the French magazine
ROCK & FOLK #412 / December 2001.
In French. Transcribed by Isabelle.


Bent and Snah in article of French magazine Rock & Folk
 
Bent and Snah – the Motorpsycho feature of French magazine Rock & Folk
 
Convaincus depuis une bonne dizaine d'années (et autant d'albums) qu'on ne fait pas du rock à la norvégienne sans casser les moules, Bent Sæther et sa clique évoluent sans cesse, pour le bien de la pop.

Les Motorpsycho, sont des gens excellents, un groupe auquel on peut sans craindre accoler le terme de culte. Leurs albums leur valent la reconnaissance d'un public (de moins en moins) réduit et très attaché au quatuor. Avec "Phanérothyme", les Norvégiens publient un successeur digne à "Let them eat cake", leur précédent (et déjà dixième) album, dont il exploite plus avant la veine acoustique-psychedélique. Et remportent ce qui s'annonce comme leur plus gros succès à ce jour puisque "Phanerothyme" s'est écoulé sur le seul territoire norvégien, à quelque 50 000 exemplaires en moins de 15 jours. Sans que Motorpsycho dévie de sa trajectoire, celle d'une formation qui compose à l'attention des seuls vrais amateurs de bonne musique, expérimente en permanence et semble craindre une seule chose : que le public mainstream lui fasse un triomphe.

Symphonique

Alors que le groupe effectue sa onzième (ou douzième, suivant les membres interrogés) tournée européenne, et profitant de leur deuxième passage à Paris (dans le cadre réduit et chaleureux du Glaz'art) à la porte de la illette nous avons coincé, à l'issue de la balance, Bent Sæther, son fondateur-chanteur-guitariste, et le pianiste-multi-instrumentiste, Baard Slagsvold.
Sæther, 31 ans, cheveux mi-longs et blouson de cuir à la cocarde mod sur le revers, se déclare ravi du parcours du groupe qu'il a fondé en 1988. Un vrai destin, la vie de Sæther : il écoute du rock depuis l'âge de 6 ans et, à 7, court déjà les disquaires et s'offre son premier album : "Kiss Alive 2".
Je n'ai écouté que du hard et du heavy metal jusqu'à l'âge de 16 ans. Jusqu'à ce que je découvre Led Zeppelin en fait, le groupe quim'a donné envie d'explorer ce qui se faisait à côté et poussé à écrire mes premières chansons. Grâce à Jimy Page, j'ai compris qu'une accoustique pouvait sonner cool.

Ceux qui connaissent bien Motorpsycho ne seront qu'à moitié étonnés : le groupe a conservé, tant sur disque que sur scène, une énergie brute et une prédilection pour les solos de guitare qui ne trompent pas. Mais Sæther a fait de nombreuses découvertes depuis la formation de son groupe, passé – on parle des albums, sur scène c'est encore autre chose – d'un rock noisy et déconstruit à une orientation plus pop:
Nous nous concentrons deppuis 4-5 ans sur l'écriture de chansons : les morceaux se sont raccourcis, les mélodies se sont simplifiées, les parties chantées se sont multipliées...

La présence d'arrangements sophistiqués, la multitude d'instrumentistes (des violonistes du philharmonique d'Oslo sur "Phanérothyme" notamment) contribuant aux enregistrements de Motorpsycho, ainsi que ce souci de surprendre pour ne jamais (s')ennuyer, rendent quasi inétiquetable la musique du groupe qui en choeur souffle à l'intervieweur le treme de "pop symphonique".

 
Geb in Rock & Folk - December 2001

Après avoir fortement conseillé l'écoute de "Phanérothyme" (terme utilisé par Aldous Huxley pour décrire une expérience psyché) qui donnera envie de se taper les épisodes précédents, on signale quelque chose d'essentiel à ceux qui ignorent tout du groupe, à savoir que celui-ci prend une dimension étonnante sur scène, discipline dont il a une vision bien à lui. Chacune de ses prestations est un effet unique: d'abord parce que Motorpsycho joue une liste de morceaux différente chaque soir, ensuite parce que ses gigs, dans une tradition tout ce qu'il y a de jazz, privilégient largement l'improvisation, toujours de mise. Baard, le pianiste aux longs cheveux gras et aux yeux injectés, aurait eu sa place dans "Las Vegas Parano". C'est surtout un musicien accompli, de formation classique, qui déclare – tout aimer, de Charlie Mingus à Black Sabbath, en passant par Serge Gainsbourg (une passion que partage Sæther) ... Nous choisissons une heure ou deux avant le concert, ce que nous allons jouer. Cela dépend de notre humeur du jour: on peut faire un set presque entièrement acoustique, et le lendemain faire quelque chose de beaucoup plus rentre-dedans. Nous avons le choix entre 40 et 50 morceaux à jouer et, vu ce qu'on traversé comme époques, ça va du titre joué au banjo à des trucs purement heavy.
Ah oui: on a failli oublier de citer leurs deux live dont un, publié courant 1999, a pour hilarant intitulé "Heavy Metall Iz A Poze, Hardt Rock Iz A Laifschteil".
L'anglo-allemand nous définit bien, précise Sæther. On a joué avec Slayer il y a trois ans. Ils avaient sorti 18 énormes boomers Marshall qui faisaient un mur de chaque côté de la scène... et c'était là leur seule fonction: ils étaient vides! Il reconnait, pété de rire, qu' à l'occasion, nous osmmes nous-mêmes de redoutables poseurs mais, au moins, tous nos amplis sont branchés!

Spectre

Où en est le groupe à l'heure actuelle, sur le plan de la notoriété?
En Hollande, en Belgique, en Allemagne, nous marchons bien maintenant. Cette salle parisienne est le genre de salles où nous jouions il y a cinq ans en Allemangne. C'est génial, d'ailleurs, nous adorons ce type d'endroits. Le groupe s'est, au fil des ans, constitué un following:
Le noyau est composé de gens qui nous ressemblent : trente ans environs, ouverts sur un large spectre musical... Nous avons des fans hardcore aussi, des personnes icroyables, comme une japonaise qui, chaque année, fait le voyage et nous suit sur deux mois de tournée. Il y a également une française dans le lot. C'est grand!

Scott Beaumont